RESUME ANALYTIQUE
L’environnement de compétitivité des entreprises constitue aujourd’hui un levier stratégique de développement, car il conditionne la capacité d’un pays à attirer les investissements, stimuler l’innovation et créer des emplois durables. Le Bénin, à travers les réformes engagées depuis 2016 et consolidées par le Programme d’Actions du Gouvernement (PAG 2021-2026), a multiplié les initiatives – (i) la réduction des coûts et délais de création d’entreprises ; (ii) la formalisation des entreprises en ligne ; (iii) la dématérialisation des procédures de dédouanement ; (iv) la délivrance du permis de construire en deux semaines ; (v) la réduction de la taxe professionnelle synthétique pour les petites et moyennes entreprises (PME) ; (vi) l’exonération du versement patronal sur salaire pour les entreprises nouvelles ; (vii) l’incitation à la formalisation des entreprises, à travers la réduction du montant de l’impôt sur les sociétés – pour dynamiser le secteur privé et améliorer le climat des affaires. Par ailleurs, pour un meilleur accompagnement de ce secteur et afin de permettre aux investisseurs de mieux s’informer sur l’environnement des affaires au Bénin, le Gouvernement a confié à certaines structures la mission de mettre en lumière l’attractivité de l’économie nationale. C’est dans ce cadre que s’inscrit le présent Rapport Annuel sur l’Environnement des Entreprises (RAEE), réalisé chaque année par la Direction générale de l’Économie, avec pour objectif d’analyser l’évolution du climat des affaires au Bénin. Plus spécifiquement, l’édition 2022 du rapport dresse un état des lieux des entreprises formelles et informelles en 2021 et formule des recommandations pour renforcer leur compétitivité et soutenir le développement économique du pays. Sur le plan méthodologique, l’étude a été conduite dans les communes d’Abomey-Calavi, Cotonou, Porto-Novo et Sémè-Podji, qui affichent une représentativité de près de 80% des entreprises, ciblant à la fois les entreprises formelles et informelles. Pour les entreprises formelles, un échantillon stratifié à deux degrés a été constitué à partir de la base DSF 2017 de l’INStaD, aboutissant à l’enquête effective de 1 452 entreprises sur 1 800 prévues (taux de sondage de 80,66%). Quant aux entreprises informelles, faute de base de sondage récente, un échantillon de 525 unités a été établi selon la méthode des quotas par branche d’activité et par localisation, en s’appuyant sur la structure issue de de l’Enquête Régionale Intégrée sur l’Emploi et le Secteur Informel (ERIESI) de 2018 réalisée par l’INStaD. En ce qui concerne l’analyse des données, l’étude a mobilisé l’Analyse en Composantes Multiples (ACM) pour construire les sous-indices de perception du climat des affaires et l’Analyse en Composantes Principales (ACP) pour élaborer l’indice agrégé de l’environnement des entreprises (IEE). Enfin, un modèle probit ordonné a été appliqué afin d’identifier les caractéristiques des entreprises et des dirigeants influençant la perception de l’IEE et de ses sous-indices.
Les résultats montrent que les entreprises formelles au Bénin sont dominées par le commerce (31,4 %), les autres services (24,4 %) et le BTP (12,1 %), et qu’elles sont principalement des microentreprises (87,5 %) et des petites entreprises (11,6 %). L’indice global de perception de l’environnement des entreprises est estimé à 55,6 %, avec une appréciation relativement favorable de la fiscalité (55,3 %) et des infrastructures et technologies (59,7 %), tandis que la perception du financement reste faible (41,9 %), seulement 8,8 % des entreprises ayant eu recours au crédit. Comme contraintes, il ressort que le coût élevé du crédit (43,6 %) et les garanties excessives (26,7 %) constituent les principaux freins. En ce qui concerne le secteur informel, il est animé principalement par des microentreprises (81%), avec une forte concentration dans le commerce (48,8%), suivi de l’industrie (18,5%). La perception de l’environnement des affaires est globalement moyenne (58,3%), avec des indices favorables pour le commerce intérieur (54,4%), le commerce extérieur (58,1%) et les infrastructures et technologies (57,2%). Toutefois, le secteur reste très fragile en matière de financement, dépendant largement des tontines (34,7%) et des institutions de microfinance (58,7%).
Les résultats de probit montrent que plusieurs facteurs exercent une influence positive sur la perception des promoteurs des entreprises formelles sur l’IEE. En effet, l’âge de l’entreprise, la forme juridique (notamment les SRL), certaines branches d’activités (industrie manufacturière), et la nationalité étrangère hors Afrique du manager augmentent la probabilité d’une perception favorable. De même, un niveau d’instruction du manager élève la perception de la gestion de la fiscalité et des effets de la Covid-19. Par ailleurs, certains facteurs présentent une influence négative : la taille de l’entreprise, certaines formes juridiques comme les SA, le secteur du transport, le fait d’être un manager étranger hors Afrique pour le commerce extérieur, ainsi que des niveaux d’instruction intermédiaires pour certains indices.
Par rapport aux entreprises du secteur informel, les estimations économétriques révèlent que plusieurs facteurs exercent une influence positive sur la perception de l’environnement des affaires dans le secteur informel. Il s’agit notamment du chiffre d’affaires mensuel (plus il est élevé, plus la perception est favorable), du niveau d’instruction du manager (supérieur ou secondaire cycle 1), de certaines branches d’activités (autres services, éducation, transport, hôtellerie, commerce), de la commune d’implantation, de l’âge de l’entreprise, ainsi que de la nationalité du manager. Ces facteurs augmentent significativement la probabilité d’une bonne perception de l’IEE, de la fiscalité, du commerce intérieur et extérieur, des infrastructures, du financement et de la gestion des effets de la Covid‑19. À l’inverse, le fait que le manager soit un homme réduit la probabilité d’une bonne appréciation du climat des affaires et du commerce intérieur. Certaines branches d’activités (restauration, agriculture, industrie manufacturière) sont associées à une perception moins favorable, notamment en matière de financement et d’effets de la Covid‑19. Enfin, la localisation dans certaines communes comme Cotonou, Abomey-Calavi et Sèmè-Podji peut limiter la perception positive comparée à Porto-Novo.
Pour finir, l’étude met en évidence le rôle central des entreprises béninoises dans la création d’emplois et le dynamisme économique. Toutefois, les analyses révèlent quelques insuffisances majeures : (i) les mesures fiscales sont méconnues de la part de la majorité des promoteurs des entreprises formelles et informelles, (ii) la problématique du financement demeure encore un grand défi à relever pour le secteur privé béninois et (iii) en termes de relation commerciale, à peine 26% des entreprises formelles arrivent à effectuer des opérations d’achat ou de vente sur les marchés internationaux. Ces constats soulignent l’urgence d’améliorer l’environnement des affaires et d’évaluer l’efficacité des mécanismes de financement pour soutenir la croissance et la compétitivité du secteur privé au Bénin.
Source et année de réalisation :
Direction Générale de l’économie (DGE). (2022). Rapport annuel sur l’environnement de compétitivité des entreprises. Direction de la Promotion et de la Coopération Économiques. Rapport, édition 2022, 1-129.