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Mobiliser les financements du secteur privé en faveur du climat et de la croissance verte – Rapport pays 2023 (Bénin) de la BAD

RESUME ANALYTIQUE

En dépit des effets de chocs successifs (COVID-19, invasion de l’Ukraine par la Russie, chocs climatiques et défi sécuritaire au nord du pays), l’économie béninoise a fait preuve de résilience, en 2022 avec une croissance soutenue du PIB réel de 6%, après une performance remarquable de 7,2%, en 2021. Les perspectives économiques sont favorables à une croissance forte de 6,2% en 2023, puis de 6%, en 2024. En ce qui concerne la croissance verte, le Bénin affiche un potentiel considérable, soutenu depuis une décennie par un engagement politique fort en faveur de l’action climatique et de l’industrialisation durable.  Cependant, les performances du pays en matière de croissance verte ont baissé au cours de la période 2010-2021 et sont fortement corrélées à la régression du pays au niveau de certaines des composantes de l’indice de croissance verte, en particulier l’utilisation efficace et durable de l’énergie et de la qualité environnementale. Cette baisse de la performance est associée à un déficit de financement du secteur privé, très en deçà des besoins pour atteindre les objectifs de la Contribution déterminée au niveau national (CDN) du pays et accélérer la transition. La présente étude a été initiée pour examiner, à l’échelle pays, le rôle du secteur privé dans le financement en faveur de la lutte contre les changements climatiques et la croissance verte, tout en explorant la possibilité d’exploiter le capital naturel pour promouvoir la croissance verte. Sur le plan méthodologique, l’étude s’est appuyée sur les données secondaires tirées du rapport principal des Perspectives économiques en Afrique (PEA) en 2023 du Groupe de la Banque africaine de développement (BAD).

Les résultats de l’étude indiquent que le Bénin affiche un engagement politique fort en faveur de la croissance verte et de l’action climatique, soutenu par plusieurs cadres stratégiques dont la Vision Alafia 2025, le Plan national de développement (PND) 2018-2025, le deuxième PAG 2021-2026, la Loi 2018 sur les changements climatiques, le Plan national d’adaptation aux changements climatiques, la stratégie de développement à faible intensité de carbone et résilient aux changements et la mise à jour de la CDN 2021-2030. Mais les progrès mesurés par l’indice de croissance verte (ICV) montrent une tendance décroissante, passant d’un score de 50,16 en 2010 à 49,8 en 2021, malgré une performance légèrement supérieure à la moyenne africaine. Les reculs concernent notamment l’utilisation efficace et durable de l’énergie, la qualité de l’environnement et l’équilibre des genres. En ce qui concerne les composantes de l’ICV où les scores sont encore en dessous de la moyenne on retrouve en particulier le commerce vert, la protection sociale, la gestion de l’eau, l’accès aux services de base et la préservation des écosystèmes. Cela suggère le besoin d’accroître les investissements importants pour promouvoir la croissante verte avec une forte mobilisation du secteur privé. Selon le PAG 2021-2026, ce secteur devrait couvrir 52 % du coût total des projets (20 milliards USD). Cependant, les financements autour de la croissance verte au Bénin restent limités avec 420 millions USD mobilisés en 2019/2020, couvrant à peine 41 % des besoins annuels du pays pour atteindre ses engagements climatiques. De ces financements, seulement 11,5 millions USD proviennent du secteur privé en particulier de sources internationales (soit 2,7 % du total), traduisant que les investissements du secteur privé national par leurs propres ressources restent encore embryonnaires. La majorité des fonds est orientée vers l’adaptation (68 %), tandis que l’atténuation (23 %) et des secteurs essentiels comme la santé, l’éducation et la gestion des risques (9 %) demeurent largement sous-financés.

En terme de besoins, il ressort de cette étude que, le Bénin devra mobiliser entre 1,2 et 1,3 milliard USD par an d’ici 2030 pour répondre efficacement aux effets des changements climatiques et réussir sa transition vers la croissance verte, ce qui implique une contribution accrue du secteur privé pouvant représenter entre 25 % et 75 % des besoins, soit jusqu’à 610,7 millions USD par an. Dans cette dynamique, le pays explore des mécanismes de financements innovants, notamment avec l’appui de la BAD à travers la Garantie partielle de crédit (GPC), qui a permis en 2022 de lever 350 millions d’euros sur les marchés internationaux et de lancer en 2023 la première facilité de financement vert africaine à la Caisse de dépôts et consignations du Bénin.

Par ailleurs, le Bénin dispose de vastes opportunités pour mobiliser les financements privés dans la croissance verte, notamment à travers l’industrialisation verte (énergies renouvelables, technologies photovoltaïques, véhicules et batteries électriques, industries économes en énergie), le développement de l’agriculture durable, l’économie bleue, la foresterie et le recyclage des déchets. L’urbanisation rapide et la transition énergétique offrent également un fort potentiel d’investissements privés dans les infrastructures résilientes, les villes durables, les systèmes de transport de masse et les services d’énergie solaire, générant ainsi emplois verts, innovation et résilience climatique. Néanmoins, les principaux obstacles au financement privé de la croissance verte au Bénin résident dans l’absence d’une stratégie nationale actualisée et de pipelines de projets adaptés, la faible diversification des instruments financiers (obligations vertes, bleues, sociales) et un cadre réglementaire insuffisant pour attirer les investisseurs. S’y ajoutent des capacités techniques, humaines et institutionnelles limitées, notamment pour structurer des Partenariats Publics Privés (PPP) verts et faciliter l’accès des MPME – souvent informelles – aux financements climatiques.

Dans ces conditions, l’étude met en évidence plusieurs voies de mobilisation du financement privé pour la croissance verte au Bénin dont la mise en place de politiques et cadres réglementaires adaptés, le développement d’instruments financiers durables (obligations vertes, bleues, sociales), l’utilisation du financement mixte, ainsi que l’exploration des marchés émergents du carbone. Elles passent aussi par un recours accru aux banques multilatérales et institutions financières de développement, et par le renforcement de la collaboration entre toutes les parties prenantes.

Source et année de réalisation :

Banque Africaine de Développement (BAD). (2023). Rapport Pays 2023 Bénin. Mobiliser les financements du secteur privé en faveur du climat et de la croissance verte, 1-45.

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