RESUME ANALYTIQUE
Le numérique s’impose de plus en plus comme une opportunité pour accélérer la croissance économique, réduire les inégalités sociales, produire et partager des connaissances, tout en stimulant l’innovation et l’émergence de nouvelles interactions sociales. Conscient de son potentiel, le Bénin s’est engagé dans une dynamique de transformation numérique, avec pour ambition de devenir une référence en Afrique de l’Ouest. Le Bénin a pris conscience de cette opportunité en faisant du numérique un levier de l’accélération de sa croissance économique et de l’inclusion sociale. Le pays a dès lors entrepris des réformes, actions et investissements structurants pour sa transformation numérique, avec pour ambition de devenir une plateforme de référence en matière de numérique en Afrique de l’Ouest. Par ailleurs, malgré les efforts engagés pour faire du numérique un levier de développement, le Bénin fait face à un écosystème digital dont la compréhension fine est nécessaire pour identifier les leviers d’action pouvant permettre de renforcer sa croissance. C’est dans cette logique que s’inscrit la présente étude qui vise à dresser un état des lieux de l’écosystème digital et de l’entrepreneuriat numérique au Bénin en identifiant ses forces, ses faiblesses et les opportunités de développement. Plus précisément, elle cherche à améliorer la compréhension des évolutions majeures du secteur, à cartographier les entreprises digitales et à évaluer leur niveau de maturité afin de proposer des leviers d’action pour favoriser la croissance du numérique dans le pays.
Sur le plan méthodologique, l’étude a suivi une approche de co-construction des connaissances en trois phases : (i) une phase de capitalisation et délimitation de l’objet d’étude, reposant sur une revue documentaire pour clarifier les cibles et établir une base de sondage des entreprises digitales ; (ii) une phase d’acquisition et de triangulation des informations, à travers un sondage en ligne, des entretiens et des dialogues multi-acteurs ; et (iii) une phase de génération et partage des connaissances, impliquant l’analyse des données et la validation des résultats par les parties prenantes pour assurer leur pertinence.
En effet, l’étude souligne que le secteur digital au Bénin a connu trois phases de développement : initiation (1995-2007), amorçage (2007-2015) et accélération depuis 2016, avec des réformes et investissements majeurs visant à faire du pays une plateforme numérique en Afrique de l’Ouest. Les entrepreneurs digitaux sont principalement des jeunes hommes (69% ont entre 26 et 35 ans) avec un niveau académique élevé, mais les femmes restent sous-représentées (13%). Sur 102 entreprises digitales recensées, 48% sont concentrées à Cotonou, majoritairement des micro-entreprises (69%) intervenant dans l’agriculture, l’éducation, la santé et les finances. Bien que 88% soient formalisées, elles restent jeunes, avec des dirigeants peu expérimentés et des revenus annuels souvent inférieurs à 10 millions FCFA. Elles se financent essentiellement sur fonds propres (93%) et font face à des défis majeurs : accès au financement, internet haut débit, marchés, pression fiscale et corruption. Malgré l’existence d’un environnement de soutien avec divers acteurs et les structures d’accompagnement à l’entrepreneuriat innovant (SAEI), l’absence de coordination limite l’impact des interventions, soulignant la nécessité d’une meilleure coopération pour renforcer l’écosystème digital.
Malgré l’engagement du gouvernement pour le développement du numérique, les entreprises digitales locales rencontrent des difficultés à collaborer avec l’administration publique en raison d’obstacles structurels, dont l’absence de structuration juridique adaptée (SARL, SA, SAS), une faible capacité financière et un manque de conformité aux exigences fiscales et comptables. De plus, elles sont insuffisamment informées des opportunités publiques et méfiantes quant à la transparence des appels d’offres, ce qui limite leur participation (44% seulement y répondent). Par ailleurs, bien que 95% des promoteurs d’entreprises digitales aient un niveau académique élevé (au moins Bac+3), des lacunes subsistent dans des domaines clés comme le développement, les technologies avancées, le design, le business development et la gestion de projets numériques. Pour renforcer l’écosystème digital, il est essentiel de combler ces gaps de compétences et de créer un environnement propice à la rétention des talents afin d’éviter leur fuite.
L’écosystème digital béninois, soutenu par une forte volonté politique, a le potentiel de renforcer la transformation numérique et l’inclusion sociale malgré les défis actuels. Pour y parvenir, l’étude souligne la nécessité d’accompagner les entreprises digitales avec un soutien adapté, de combler les gaps de compétences par un cadre national structuré et de faciliter leur accès aux marchés publics via une meilleure collaboration public-privé. Enfin, un écosystème inclusif et fondé sur des données probantes permettra d’orienter efficacement les décisions et interventions en faveur du numérique.
Source et année de réalisation :
Deutsche Gesellschaft für Internationale Zusammenarbeit (GIZ) GmbH (2023). Etat des lieux de l’écosystème digital et de l’entrepreneuriat numérique au Bénin, 1-52.