adpme Bénin

RESUME ANALYTIQUE

Le Bénin a connu une forte croissance de son PIB (6,4 % en moyenne de 2017 à 2019), mais celle-ci n’a pas significativement réduit la pauvreté en raison d’une productivité insuffisante, d’une forte dépendance aux exportations de matières premières et au commerce de transit avec le Nigéria. Les faiblesses intrinsèques observées au cours de cette période (2019) marquées par la fermeture de la frontière avec le Nigéria et l’épidémie de COVID-19, ont amplifié ces vulnérabilités, mettant en évidence les limites d’un secteur privé largement informel, peu innovant et faiblement intégré aux chaînes de valeur mondiales. Pour favoriser une croissance inclusive et durable, il est essentiel de lever les contraintes structurelles pesant sur le secteur privé, notamment l’accès au financement, l’approvisionnement énergétique, la connectivité et le climat des affaires. C’est dans cette perspective que s’inscrit la présente étude, initiée par la Société financière internationale (IFC), membre du Groupe de la Banque Mondiale, avec pour objectif d’apporter un diagnostic précis de ces contraintes et des recommandations stratégiques en faveur d’une croissance du secteur privé plus inclusive et durable. L’étude s’est appuyée sur des données secondaires issues de multiples sources, notamment la Banque mondiale, le Fonds Monétaire International (FMI), la Banque Africaine de Développement, l’Institut National de la Statistique et de la Démographie (INStaD) et d’autres institutions internationales et nationales, couvrant des périodes variées. Des analyses comparatives ont été réalisées en prenant comme pays de référence le Ghana, le Togo, le Maroc ainsi que l’ensemble des pays de l’Afrique subsaharienne (ASS) afin d’évaluer la position du Bénin et d’identifier les leviers d’amélioration.

Le Bénin a engagé d’importantes réformes pour améliorer l’environnement des affaires et attirer les investissements privés. Parmi celles, la loi sur la Promotion et le Développement des PME et la création de l’Agence dédiée en 2022 offrent des leviers d’amélioration, tandis que les Zones Économiques Spéciales (ZES) constituent un outil clé pour stimuler la compétitivité. Par ailleurs, les impacts de ces réformes restent limités en raison d’un manque d’accompagnement des entrepreneurs et de certaines incohérences institutionnelles. De plus, l’accès au financement demeure un défi majeur pour les entreprises, malgré les mécanismes mis en place, nécessitant une meilleure mobilisation des instruments financiers publics et un cadre plus adapté pour le crédit et les services financiers numériques. Le développement des infrastructures repose en grande partie sur les Partenariats Public-Privé (PPP), qui couvrent une part significative des investissements du gouvernement, mais dont l’efficacité est freinée par des lacunes réglementaires. Un cadre institutionnel plus solide et une évaluation rigoureuse des projets sont essentiels pour garantir un impact durable.

L’amélioration de l’accès à l’électricité, un obstacle majeur pour les entreprises, dépend de la mise en œuvre effective des réformes en cours, notamment la réduction des coûts d’approvisionnement et le renforcement de la production nationale. Cependant, la dissolution de la CEB pose un risque pour la stabilité du réseau. Toutefois, la numérisation constitue un levier clé pour le développement du tourisme et du commerce, mais son potentiel reste sous-exploité en raison d’un cadre concurrentiel limité et d’un manque de financement des infrastructures. Une meilleure régulation et mutualisation des coûts pourraient dynamiser les investissements dans la fibre et la 4G. En matière de transport, le Bénin se positionne comme un centre de transit stratégique pour le Sahel, mais la compétitivité du Port de Cotonou et l’efficacité logistique restent perfectibles. La modernisation des infrastructures routières et ferroviaires est essentielle pour réduire les coûts du commerce et améliorer l’accès aux marchés, notamment pour les exportations agricoles.

Le renforcement des corridors de transport du Bénin représente une opportunité pour dynamiser les échanges économiques, malgré des défis persistants liés aux frais illicites et à la fragmentation du secteur du camionnage. La modernisation du cadre réglementaire et le développement de services logistiques innovants pourraient améliorer la compétitivité du pays. Par ailleurs, une coopération stratégique avec le Nigéria permettrait de formaliser les échanges transfrontaliers et de renforcer l’application des réglementations douanières, créant ainsi un cadre commercial plus stable et profitable. Le tourisme, bien qu’ayant un fort potentiel grâce aux ressources culturelles et naturelles du Bénin, souffre encore d’une structuration insuffisante et d’une inadéquation entre l’offre et la demande. L’État doit intensifier son rôle de facilitateur en stimulant la demande, en favorisant les investissements privés et en adoptant une approche stratégique de développement du marché.

Pour réduire sa vulnérabilité aux chocs extérieurs, l’étude suggère que le Bénin doit diversifier ses exportations agricoles en favorisant des cultures à fort rendement et à fort potentiel d’exportation (ananas, soja, karité, palmier à huile), tout en évitant la concentration sur des produits soumis à la volatilité des marchés mondiaux. L’accessibilité aux intrants spécifiques et la libéralisation de l’approvisionnement en engrais sont essentielles pour améliorer la compétitivité. Un meilleur accès au marché passe par le renforcement de la promotion des exportations, le développement de la logistique, notamment la chaîne du froid, et l’amélioration des infrastructures. La Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) représente une opportunité pour le commerce intra-africain, mais nécessite des investissements stratégiques. La modernisation de l’agriculture repose aussi sur une meilleure réglementation foncière, le développement de l’irrigation, l’accès au financement et la structuration des chaînes de valeur. Enfin, la transformation locale doit être stimulée par un meilleur accès aux équipements et aux emballages afin de valoriser les produits agricoles et réduire la dépendance aux importations.

 

 

Source et année de réalisation :

Société financière internationale (IFC) (2023). Diagnostic-pays du secteur privé. Créer des marchés au Bénin. Mobiliser l’investissement privé pour stimuler une croissance inclusive. Banque Mondiale, 1-154.

🔒 Votre confidentialité est importante pour nous. Nous avons mis à jour notre [Politique de confidentialité] et nos [Conditions d’utilisation] afin de mieux vous informer sur la manière dont vos données sont collectées et utilisées.
En continuant à utiliser la plateforme, vous acceptez ces conditions.